L'art contemporain m'a tuer

Depuis des mois, je me dis : "vivement que je dorme, j'arrêterai d'avoir cette tête de fantôme". La ride entre les sourcils, les cernes de tous les matins et de tous les soirs. Même maquillée, on dirait que je sors d'une mononucléose. Ah non d'ailleurs, la mononucléose je l'ai eue à 18 ans. On dirait que j'ai un lumbago alors, ou une crise de goutte.

Bref, je comptais sur les vacances et sur le fait que NanoSidi ait l'air de commencer à comprendre qu'il serait de bon ton de ne plus se réveiller avant 7h30 du matin, pour retrouver mon allure de jouvencelle.

Et là, blam.

Mes cernes et moi on est allées voir une expo d'art contemporain. Entre autres néons fluo et carrés monochromes, il y avait une série de photos intitulée "Cent ans". Une photo d'un homme ou d'une femme, pour chaque âge entre 0 et 100 ans. Les yeux qui brillent à 5 ans, les T Shirts trop larges à 14. 28 ans et le sourire tranquille, une femme enceinte. Tiens, les premières rides. Quel âge il a, lui ? 33. Et elle ? 34, elle les fait pas. Ou alors c'est moi qui fait vieille, regarde, je ressemble à la fille de 37 ans, non ?

Sur les soixante dernières photos, les visages s'épaississent, les yeux brillent de moins en moins. "On dirait le boucher, on dirait ta grand-mère." Ils ont beau sourire, on voit bien qu'ils ont mal aux articulations, et qu'elles ont les seins qui tombent.

Je suis revenue sur mes pas pour vérifier, pour être sûre d'avoir bien compris. L'âge où ça bascule, où les cernes ne s'en iront plus. 35 ans. L'âge que j'aurai dans 3 mois.