Plus belle la vie

 Il y a longtemps, ma chef m'avait dit qu'elle n'arrêtait jamais d'être tiraillée entre son travail et ses enfants. Je ne l'aimais pas, cette fille, mais je repense souvent à ce tiraillement. Mon tendre amour, ma déchirure. Serrer son bonheur et le broyer.

Ce matin, je pense à une petite fille dont j'ai embrassé les joues timides dimanche, et qui est accrochée à une perfusion. Je pense à sa mère qui n'en finira sûrement jamais d'être tiraillée, d'avoir peur.

Je pense à ces hommes croisés depuis 6 mois, dans ma vie devenue rock 'n roll, à leurs béquilles, à leurs mensonges. Ils ne diraient pas qu'ils sont déchirés, parce que les mots leur font peur, mais que sont-ils d'autre ?

Moi je n'ai pas peur des mots, et mes joies ont toujours été des souffrances, comme dans les films de Truffaut. Ca me fait boiter, et souvent je demande pardon de ma mélancolie à ceux qui m'entourent. Je dis : "je suis une handicapée de la vie", et "désolée d'être chiante".

Mais j'ai l'impression de commencer à apprendre que la vie est dans cette déchirure, et nulle part alileurs. La vie, comme les fleurs blanches des cerisiers, tellement belles et tellement éphémères qu'elles donnent envie de crier.