Les petits rôles

L'autre jour j'ai lu une interview de Jean Rochefort (qui aurait été mon amant si j'avais épousé Michel Piccoli). Il racontait qu'un jour, il avait demandé à son copain Belmondo s'il se souvenait d'un prof de théâtre qu'ils avaient eu au conservatoire, et qui passait son temps à leur dire qu'ils étaient très mauvais. "Est-ce que ça t'avait touché ? Parce que moi ça m'a fait mal.", disait Rochefort. Belmondo a répondu : "Non, moi je me suis toujours dit que pour les petits rôles, ça irait."

Et moi, j'ai pensé que le truc qui m'occupe la tête et me troue l'estomac depuis des mois, ça n'était qu'un petit rôle de 18 heures par semaine, pendant 10 mois, dans la vie de 24 enfants.

Peut-être que c'est juste ça que je devrais me dire, quand je me regarde faire - mal faire - en pensant à ce que diraient l'inspectrice, et ma collègue Axelle, et la mère de Sirine, si elles me voyaient. Ca m'arrive dix fois par jour, j'imagine leur air contrarié, vous rendez-vous compte que vous êtes très mauvaise ? Et c'est toujours à ce moment-là que j'ai l'impression de me noyer au milieu de la classe, de perdre pied devant 24 enfants hilares : quand je pense à l'air contrarié des gens susceptibles de me trouver très mauvaise.

Mais après tout, pour un petit rôle, ça ira.