Ce qui s'accroche

C'est dimanche soir, Pisderman m'a dit : "sors, prends ton temps". J'ai descendu l'escalier de l'immeuble en entendant les filles crier, peut-être parce que j'étais partie sans les prévenir.
J'ai marché sur le boulevard, du côté qui était encore au soleil. Mon ombre devant moi avait des jambes immenses et une toute petite tête.

Je m'écoute respirer, comme après avoir pleuré. Un week end avec plein d'enfants, sans heurts, et la maison était rangée quand je suis partie. J'en pleurerais, oui, d'avoir une maison rangée le dimanche soir et de ne même pas en être fière. La maison rangée, le linge étendu et les lasagnes que Pisderman est en train de préparer : tout ça glisse sur ma peau et laisse derrière soi l'odeur des larmes.
Ne s'accroche que l'amour du samedi après midi, une chaise coincée contre la porte de notre chambre parce qu'elle ne ferme pas à clé. Le texte envoyé à une revue littéraire. Et puis les yeux des filles, leurs rires trop forts et leurs mains dans le saladier de pop corn.