Mon légionnaire
La semaine dernière, c'était la journée de la femme ; on a expliqué ça à MilliSidi, elle a pas eu l'air d'y comprendre beaucoup plus que la fois où son père lui a parlé du statut pénal du chef de l'Etat.
Bref.
C'était la journée de la femme, et ça me fait penser que je ne sais pas comment appeler mon mari.
Dans la vraie vie, Pisderman a un prénom que je ne prononce jamais, sauf quand j'imite sa mère ou que je parle à la dame de la Sécu (hélas, c'est toujours une dame, même les autres jours que le 8 mars). Depuis que je le connais, je l'ai toujours appelé par son diminutif, que je trouve trop cool. Accessoirement, je me trouve moi-même trop cool de vivre avec un gars qui a un diminutif aussi cool.
Les ennuis ont commencé quand on s'est mariés.
Sur les faire-part, il a bien fallu écrire son vrai prénom à côté du mien. Ca me paraissait tellement bizarre que je me suis demandé une seconde si les gens allaient savoir de qui il s'agissait.
Ensuite, à l'église, j'ai dû moi-même l'appeler par son prénom ("Biiiiip, veux-tu devenir mon mari ?"). Là, j'ai vraiment failli décider d'utiliser son diminutif, parce que c'était particulièrement artificiel de lui dire une phrase pareille en l'appelant comme ça, et c'est uniquement pour ne pas choquer ses parents que je ne l'ai pas fait.
Et puis juste sur le perron de l'église, pendant que les grains de riz volaient au-dessus de ma tête, j'ai pris conscience que Pisderman n'était plus "mon copain". Il allait falloir renoncer à cette appellation pourtant presque aussi cool que son diminutif, et trouver autre chose.
"Mon mari". Super. Où sont mes bigoudis ?
"Mon époux". Où sont mes bigoudis et mon sac Vuitton ?
"Mon homme", par ailleurs fort utilisé sur Internet. J'aime bien que ce soit la réciproque exacte de "ma femme", mais je n'assume pas du tout le côté viril plein de poils.
Restent "mon compagnon" et "mon ami", qui sont en réalité plutôt réservés à ceux qui ont passé l'âge d'avoir un "mon copain".
Et puis aussi "mon amoureux" (là aussi, faut assumer en face de la dame de la Sécu) ou, proposé par ma copine qui se prend pour Arletty : "mon régulier".
Conclusion : je vais aller mettre mes bigoudis et écouter l'ORTF, en attendant le retour de mon mari.