Jusqu'au bout

Je me demande souvent jusqu'à quel moment la vie vaut la peine d'être vécue. Entre quatre murs beige d'une maison de retraite où on ne peut poser les yeux sur rien de beau, où on mange à 18h des choses qu'on ne choisit jamais, je ne suis pas sûre que ça vaille la peine de continuer à œuvrer pour sa propre survie. Parce que la survie nécessite de se couper les ongles des pieds, de nettoyer son dentier deux fois par jour, et d'avoir des pertes urinaires en plus des infections du même nom.

Il y a des choses qui doivent disparaitre de bonne heure : faire l'amour, grimper sur une montagne. Mais manger du pain perdu, écouter parler un enfant de 2 ans et demi, s'asseoir au soleil sur un banc : tant qu'on peut encore faire ça, peut-être que ça vaut la peine.

Même si Pisderman n'était plus là, ou s'il ne lui restait plus qu'un cerveau mité qui aurait laissé s'échapper mon prénom et le sien ?