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19 décembre 2013

Les enfants sauvages

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 J'ai réussi à sourire deux fois aujourd'hui : en arrivant devant le rang des élèves le matin, parce que j'aime bien les retrouver, petits, colorés et souriants - juste avant que Myriam n'arrive en hurlant que Moury l'avait traitée de connasse et lui avait donné un coup de pied ; et quand Armis, avec son bonnet bleu marine sur le crâne, est venu me voir dans la cour en me disant qu'il était un petit schtroumpf.

Le reste du temps, j'ai levé les yeux au ciel, j'ai respiré lentement pour ne pas giffler, j'ai crié, je me suis tue.

Je ne sais pas si Latifa, Kenza, Myriam et Moury sont des enfants sauvages. Je sais bien qu'ils vivent au milieu d'adultes qui crachent leur haine, qu'ils ont besoin d'être soignés. Je sais que je ne peux pas les soigner. Mais aujourd'hui, et de nombreuses fois avant aujourd'hui, j'ai été aussi un adulte qui leur crache dessus. J'ai crié moins fort que la mère de Moury, tout à l'heure, qui lui a dit dents serrées "je vais t'éclater" parce qu'il avait oublié son cartable. J'ai aussi félicité pour un mot bien écrit, un calcul correct, cinq minutes de chuchotements collectifs à la bibliothèque. Je n'ai gifflé personne, mais j'ai bousculé, j'ai tiré par le bras.

Je sais que ce sont des élèves difficiles, dans un quartier difficile. Mais ils ont six ans, pas quinze. Ils n'ont pas de cran d'arrêt, tout au plus des cartes Pokémon plein les poches, et pourtant ils me désarment.

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Commentaires
G
et le moindre geste gentil dont ils se dégagent de peur de fondre restera gravé en eux comme une graine d'avenir<br /> <br /> courage!
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