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11 novembre 2013

Quelque chose à voir avec la déception

larcenet-blast

 J'attends ces deux jours pendant les cinq autres. Samedi, dimanche. Pisderman sera là, ce sera différent, ce sera simple. Les enfants iront demander ailleurs qu'on approche le tabouret, qu'on attache leur poupée sur la chaise. Samedi, dimanche, mes poumons reprendront leur volume normal, j'arrêterai d'étouffer.

Samedi finit par arriver. Souvent, le matin, on se souvient des cris de la veille, les cris du vendredi où Pisderman est rentré trop tard, à moins qu'il ne soit rentré comme d'habitude mais que je ne m'y sois toujours pas habituée. Si je me lève pour m'occuper des enfants, il fait froid dans la cuisine, et gris encore. Je mets les mains autour de mon bol et je me cache au milieu de mes épaules. Les tartines ont le goût de tous les matins, j'en ai marre de ces tartines, pourquoi manger des tartines aussi grises ? Il y aurait sûrement un moyen de faire des tartines en couleur, mais ça ferait de la vaisselle en plus.

Quand Pisderman se lève, la ride au milieu de mon front est déjà installée depuis une heure et les enfants ont les mains poisseuses. Sous la table, des céréales, des crayons qui roulent quand je pose le pied dessus.

Je récite ce qu'il y a à faire. Le marché, les devoirs, appeler la copine de MilliSidi, un cake pour demain, ranger la commode. C'est ça, un samedi ? Qu'est-ce que j'attendais donc si fort ?

Parfois c'est moi qui reste au lit, et parfois même le ciel est bleu. Je regarde la lumière sur les murs sans tapisserie de la chambre, je pense à l'école mais je peux remettre la tête sous la couette. Les voix des filles, de loin. Il fera chaud tout à l'heure quand je me lèverai, je prendrai une douche en fermant la porte à clef.

Le salon est plein de soleil, mais cette fois c'est Pisderman qui a les yeux tristes. Il regarde un écran pendant que je mange mes tartines grises. Elles sont grises même au soleil, et même au soleil il y a des miettes collantes sur les chaises. Je remplis le lave-vaisselle, quelqu'un m'envoie un texto qui parle de grève de cantine. Est-ce que ça me ferait du bien d'aller dehors ? Il y aurait sûrement un moyen pour que ça me fasse du bien. Mais c'est déjà midi, déjà la sieste, déjà le goûter. Il fait presque nuit et je ne suis pas sortie, pourtant ça n'aurait pas fait de vaisselle en plus. C'était ça, un dimanche ?

 

Le monsieur à lunettes et à divan que je suis allée voir en septembre pour arrêter de pleurer si souvent m'a dit : "ce que vous décrivez, ça a peut-être quelque chose à voir avec la déception".

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Commentaires
M
Je redécouvre ce blog que j'avais pris au début. J'aime toujours. Même si c'est triste et que c'est une façon d'évacuer. Tu n'es pas seule, loin de là.
S
Ca me touche que ça te parle, et ça me touche que tu me le dises. Merci !
B
ça me parle, tu sais.<br /> <br /> des bises.
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