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17 juillet 2012

Voilà pourquoi

nutella

 Pisderman m'a demandé l'autre jour pourquoi je ne passais pas plus de temps chez mes parents pendant les vacances, avec les filles. C'est vrai, c'est ce que font la plupart de mes copines profs, ça évite de se retrouver toute seule, ça change de décor, et ça permet à Pisderman d'occuper ses soirées à des choses incompatibles avec la morale paternité.

"Mouais, je le sens pas trop", ai-je dit en empaquetant les 8 kg de couches et les 44 doudous nécessaires pour survivre 2 jours hors de la maison.


Alors voilà pourquoi.

Parce qu'au bout d'une demi-journée avec mon père, je redeviens la petite fille qui guette chaque signe du naufrage : les soupirs, les "j'ai mal partout", les pas lourds et la voix cassée. Au bout d'une demi-journée, j'ai six ans et une boule au ventre ; je sursaute quand il entre dans la pièce, je me tais en entendant la litanie des risques sanitaires encourus par, au choix, les mangeurs de yaourts Activia ou les utilisateurs de téléphones portables.

Hier, le naufrage a eu lieu quand MilliSidi s'est levée de table pour venir me chuchoter quelque chose à l'oreille pendant que je changeais NanoSidi dans la pièce d'à côté. "Maman, j'ai mal à la tête." Je l'avais briefée avant d'arriver, en lui disant de ne pas parler de ses maux de tête pour ne pas inquiéter mes parents - pour mes lecteurs travaillant à la DDASS : et je l'emmène chez le médecin la semaine prochaine. Elle avait donc respecté la consigne.

Sauf que dès qu'elle s'est rassise, elle s'est fait cuisiner pour savoir ce qui se passait. Et elle a dit : "Je dois pas vous le dire pour pas vous inquiéter."

Quand je suis arrivée 2 minutes après, ma mère était au bord les larmes, et mon père se retenait visiblement d'appeler les pompes funèbres. Explications, interrogatoire croisé ("et tu as mal où ? et depuis quand ?" etc), on a fini par s'en sortir de justesse avant le suicide collectif. Sauf que la boule au ventre ne m'a pas quittée. Cette vieille impression que leurs angoisses, en particulier ses angoisses à lui, auxquelles je suis si poreuse, existaient à cause de moi.

 

Je n'ai plus six ans et j'ai un Pisderman ; en lui racontant l'incident au téléphone, je me suis sentie retrouver doucement la Sidi d'aujourd'hui, celle qui peut raccrocher le téléphone en disant : "bon dieu que ça fait du bien d'être loin" ; et j'ai fini par arriver toute seule à la conclusion que je ne suis pas responsable de ses angoisses. Comme quoi, 25 ans d'expérience feront toujours la différence.

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